Il y aura finalement une gare sur les terres agricoles du Triangle de Gonesse. Jean Castex a entériné vendredi dernier le projet de la ligne 17 du métro du Grand Paris parmi une batterie de mesures très attendues pour le Val-d’Oise. Depuis l’annonce d’Emmanuel Macron en novembre 2019 de l’abandon du projet de méga-complexe commercial et de loisirs Europacity, le devenir de 280 hectares de terres agricoles sur les quelque 700 que compte le Triangle de Gonesse était devenu un point de crispation entre les élus locaux et militants écologistes. L’avenir du département restait en suspens, et les élus de tout bord appelaient l’Etat à soutenir le Val d’Oise avec un plan spécifique, comme pour la Seine-Saint-Denis.
Tout est parti de la décision prise par Emmanuel Macron, en novembre 2019, de renoncer au mégacomplexe de commerces et de loisirs EuropaCity. Vivement contesté, ce projet de 3 milliards d’euros, porté par Auchan et par le chinois Wanda, était devenu un symbole de la suppression des terres agricoles au profit de grands chantiers inutiles. Le président de la République l’a finalement jugé « dépassé » et l’a abandonné. De même, il a stoppé, en février, le projet controversé d’extension de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, donnant aux élus le sentiment d’un département laissé pour compte. Le gouvernement avait alors promis qu’il travaillerait à un plan de relance spécifique.
La gare s’accompagnera d’autres projets répondant à « une thématique autour de l’alimentation, de la production locale » qui occuperont quelques 110 hectares. Cette implantation accueillera notamment « une partie de l’activité » de l’extension du marché de gros de Rungis qui frôle la saturation dans le Val-de-Marne, précisant qu’il s’agirait plutôt de « production » ou de « transformation alimentaire », tandis que le reste des activités n’a pas encore de lieu d’affectation officielle. Le projet, porté par la société gestionnaire de Rungis Semmaris, représentera « un investissement de 600 millions d’euros » avec un potentiel de « 2 000 à 5 000 emplois », selon un rapport du préfet du Val-d’Oise. Une administration publique et une cité scolaire internationale tiendrait aussi la corde pour s’installer sur cette ZAC.
L’urbanisation de ces terres agricoles au nord de Paris s’inscrit dans un plan plus large pour relancer ce département francilien d’environ 1,2 million d’habitants, qui enregistre un taux de pauvreté de 17 % et une précarité davantage marquée à l’est du territoire, où se concentreront les investissements.
Parmi les 17 mesures annoncées ce vendredi figureront des investissements dans les transports en commun, la réfection du commissariat de Sarcelles et l’extension de celui de Cergy, ainsi qu’une nouvelle maison d’arrêt, dont la localisation sera dévoilée lors de ce déplacement. Matignon a également annoncé que « 600 millions d’euros » seront affectés à la rénovation des hôpitaux d’Argenteuil et de Pontoise, un investissement qui s’inscrit dans l’enveloppe globale de 19 milliards d’euros négociée lors du Ségur de la Santé.