Depuis son bureau, il délivre ici un dernier message à tous ceux qui ont soutenu ou collaboré avec la Fondation ces 5 dernières décennies… Francis Maréchal incarne et respire Royaumont, il en a été le gardien pendant 47 ans et en connait chaque recoin, secret, histoire…
Je mesure la chance que j’ai eue de me voir confier, quelques mois après la disparition de son fondateur, Henry Goüin, le 24 février 1977, la responsabilité de concevoir un nouveau projet pour cette jeune Fondation qui venait de fêter son 13e anniversaire. La confiance dont j’ai bénéficié dès mes débuts le 1er septembre 1977, la liberté d’action dont j’ai joui, la nécessité d’inventer un nouveau modèle de financement inspiré par les intuitions de son fondateur, ont été pour moi des stimulants extrêmement puissants.
J’aurai finalement dédié 47 ans de ma vie professionnelle à cette Fondation, cette institution unique, que j’ai pensée comme une entreprise, une entreprise culturelle, qui assume pleinement ses responsabilités et ses choix, mais une entreprise guidée par le sens de l’intérêt public et artistique, par le sens du service public que j’avais découvert dans mes premières missions auprès du Département du Val d’Oise et du Ministère de la Culture.
Ma première fierté, c’est que Royaumont, imprégné d’une tradition humaniste où les sciences sociales ont joué et entendent jouer un rôle singulier, n’a pas cessé, contre vents et marées, d’être un lieu d’invention, en phase avec son temps, peut-être même quelquefois en avance sur son temps.
Avec notre monument historique qui n’a jamais été aussi beau, avec une équipe de 65 collaborateurs qui va bientôt se mobiliser autour de François Naulot, mon successeur, avec cette large communauté de bienfaiteurs, publics et privés, je quitte la direction générale de la Fondation Royaumont, certes le cœur serré, mais avec une confiance totale dans son avenir.
On ne quitte pas définitivement, du jour au lendemain, le lieu d’un aussi long séjour (j’y aurai passé plus des deux tiers de mon existence). Il est certain que je conserverai des liens avec ma seconde maison et ma seconde famille…. »