Les projecteurs sont braqués sur l’aérodrome de Pontoise-Cormeilles. Le ministre des transports, Jean-Baptiste DJEBBARI, était sur place jeudi dernier pour inaugurer le Vertiport, zone d’essais pour les nouvelles mobilités urbaines comme les taxis volants, l’aviation électrique, les drones… Ce projet du futur est porté par Aéroports de Paris, avec le groupe RATP et la région Île-de-France. Depuis septembre 2020, un écosystème d’innovateurs se rassemble autour de cet aérodrome pour poser les bases de la filière et promouvoir le développement des véhicules électriques à décollage et atterrissage vertical. Ce site de tests unique en Europe va permettre de lancer les phases d’expérimentation de vols en conditions réelles, avec en ligne de mire, des démonstrations à grande échelle à l’occasion des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
“J’ai longtemps rêvé de ce jour, a confié Jean-Baptiste Djebbari, Ministre délégué auprès de la Ministre de la Transition écologique, chargé des Transports, venu inaugurer. Je ne savais pas quelle forme il prendrait, mais j’en ai rêvé. Et je pense que vous êtes nombreux à en avoir rêvé avec moi, à vous être émerveillés devant les films de science-fiction, leur vision de l’avenir, leurs modes de transport évolués. Nous avons grandi avec les vaisseaux de Star Wars et la DeLorean de Retour vers le futur. Nous avons nourri cet espoir un peu fou qu’un jour, les taxis ressembleraient à celui de Bruce WILLIS dans Le Cinquième Elément, les voitures à celle de Harrison FORD dans Blade Runner, et les Audi à celle de Will SMITH dans I Robot. Toutes ces œuvres cultes, tous ces véhicules futuristes, tous ces mondes fantasmés ont forgé notre imaginaire. Et aujourd’hui, avec ces inventions qui, d’ici quelques années, relieront, par les airs et en quelques minutes, Paris à ses aéroports…. Avec ces machines qui ne sont ni tout à fait des avions, ni tout à fait des hélicoptères, mais assurément des transports d’un genre nouveau … Tout cet imaginaire dans lequel nous avons baigné devient, en un sens, réalité. Le futur commence aujourd’hui. Et il commence ici, à Pontoise.” À ses côtés pour lancer ce grand événement, Augustin de Romanet, président directeur général d’Aéroports de Paris, s’est également enthousiasmé : cette nouvelle aventure sonne le démarrage de la mobilité aérienne urbaine à basse altitude. Sur le site de Pontoise-Cormeilles, des zones d’atterrissage dédiées vont être aménagées avec l’adaptation de hangars pour faire naître le premier Vertiport européen. Une nouvelle étape s’ouvre dont l’objectif est clairement affiché : faire des Jeux Olympiques de Paris 2024 la première fenêtre de démonstration.
Jean-Baptiste DJEBBARI en est convaincu : “Le monde aura les yeux rivés sur la France. C‘est l’occasion de faire du pays une vitrine de l’innovation. De rappeler au monde que nous sommes une nation d’inventeurs ; un modèle de progrès et de modernité, qui repousse les frontières du possible. Naturellement, les taxis volants seront de la partie. Nous envisageons des services pré-commerciaux entre Issy-les-Moulineaux et Saint-Cyr, et sur l’itinéraire Paris CDG—Le Bourget—Paris. Ce ne sont pas des “gadgets” qui vont être testés ici. Ce sont des technologies qui vont changer l’industrie aéronautique. J’en suis convaincu : c’est le début d’une grande histoire qui s’écrit aujourd’hui. Le début d’une mobilité aérienne nouvelle : moins énergivore, moins polluante, moins bruyante, plus acceptable aussi.”
Pour Catherine Guillouard, présidente-directrice générale de la RATP, l’enjeu est de taille : ce marché porteur devrait représenter 3 à 4 milliards d’euros d’ici 10 ans. La construction de ces aéronefs pourrait créer jusqu’à 90 000 emplois, avec plusieurs sujets à dénouer : la dimension acoustique et l’intégration dans le tissu urbain, mais aussi l’aménagement de vertiports ou encore la création d’une offre globale de mobilité. Actuellement, une soixantaine de projets se développent dans le monde. “L’objectif est de sortir les premiers !”, a-t-elle martelé.
La capacité du taxi à décoller et atterrir verticalement n’est pas la seule prouesse à atteindre. De son côté, Thales s’est attaqué au développement d’un système de gestion de l’espace aérien (système anti-collision), en prévision des centaines d’engins qui pourraient sillonner le ciel d’ici quelques années. D’autres industriels se démarquent, eux aussi, avec des batteries toujours plus performantes ou grâce à des systèmes de sécurisation des télétransmissions par exemple. Le site de Pontoise sera l’occasion de tester grandeur nature toutes ces technologies.