A l’occasion d’un déplacement sur le site de l’entreprise Balt dans le Val-d’Oise, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie, a annoncé le volet de soutien à la filière des dispositifs médicaux. La ministre a choisi cette belle usine pour dévoiler la stratégie « medtech » du plan France 2030. La société, spécialisée dans les dispositifs médicaux pour le traitement des maladies vasculaires cérébrales, veut créer un centre mondial d’innovation dédié aux neurosciences à Montmorency.
Développer les dispositifs médicaux de demain pour traiter plus efficacement les maladies vasculaires cérébrales. C’est l’ambition de Balt, fabricant de microcathéters et d’implants médicaux, basé à Montmorency, dans le Val-d’Oise. L’entreprise familiale, fondée en 1977 et dirigée par Pascal Girin, président-directeur-général, est devenue depuis une ETI employant 600 salariés dans le monde (300 en France dont 200 à Montmorency). Son activité ne cesse de croître tout comme ses investissements. Son chiffre d’affaires a été multiplié par cinq et son effectif par six. 12 % de son chiffre d’affaires est consacré à la recherche. Elle prévoit de se doter d’un centre mondial d’innovation dans les neurosciences où seront menées des recherches sur le traitement d’autres pathologies cérébrales, mais aussi sur la connectique. Balt est la seule entreprise européenne dans ce secteur face aux Américains. Ses micro-cathéters et stents sont exportés à travers le monde et elle a acquis une usine en Californie. Balt, qui travaille en direct avec les médecins des centres hospitaliers universitaires de France (Chu), a été choisie comme exemple de la politique d’investissement que l’État compte conduire à travers son Plan France 2030.
Soutenir la filière
Dans le cadre de France 2030, 7,5 milliards d’euros sont mobilisés pour le secteur de la santé, dont 400 millions d’euros pour accompagner les entreprises du dispositif médical en France. Avec un objectif : réindustrialiser la France dans le domaine des industries de santé et accélérer l’émergence de leaders français au niveau européen et mondial. La filière française du dispositif médical et du dispositif médical de diagnostic in vitro compte 1 500 entreprises (françaises et étrangères), dont 93% de start-ups et PME. Elles emploient en France près de 85 000 personnes et présentent un chiffre d’affaires de 31 milliards d’euros.
Le secteur du dispositif médical est aujourd’hui confronté à de nouveaux enjeux. L’entrée en vigueur de nouveaux règlements européens induit une pression sur les ressources humaines et financières des acteurs de la filière, notamment les start-ups et PME. L’augmentation du coût des matières premières, additionnée aux difficultés de financement, réduit les capacités d’investissement des entreprises du secteur, dans un contexte de forts besoins capitalistiques pour des projets de long terme.
Si la croissance du secteur est fortement portée par l’export (+10% en 2021), la France capitalise peu sur son marché intérieur, le deuxième au niveau européen, et reste importatrice nette malgré l’existence d’un écosystème d’innovation très prolifique (premier secteur en termes de brevets déposés en 2021). Cette situation s’explique en particulier par les difficultés d’accès au marché des innovations françaises et à l’absence de mesures permettant à l’hôpital public de servir de démonstrateur et d’expérimentateur des innovations de rupture françaises.
Dans ce contexte, le volet « dispositif médicaux » de France 2030 aura pour objectif d’investir massivement dans le développement de technologies de dispositifs stratégiques comme les robots chirurgicaux, de faciliter l’accès des établissements de santé aux dispositifs médicaux innovants, de soutenir des projets d’industrialisation et de réduire les délais d’accès au marché.
Le Gouvernement déploie un plan d’action autour de quatre axes pour répondre aux défis technologiques et de santé publique majeurs, permettre aux entreprises du secteur de démontrer la valeur de leurs produits, industrialiser de nouveaux dispositifs médicaux, accompagner les entreprises dans leurs démarches réglementaires d’accès au marché
Les ministres annoncent aussi l’ouverture, le 25 février 2022, de l’appel à projets « Industrialisation des produits de santé ». Il vise à soutenir les projets d’industrialisation dans les secteurs de la biothérapie et de la bioproduction de thérapies innovantes, de la lutte contre les maladies infectieuses émergentes et les menaces NRBC (MIE-MN), et des dispositifs médicaux. Il sera doté d’une enveloppe de plus 800 millions d’euros. L’appel à projets « Industrialisation des produits de santé » sera ouvert jusqu’au 29 décembre 2023. Le cahier des charges sera disponible sur le site internet de Bpifrance.